L'EMISSION HF ( 1 )
Les articles précédents nous ont montré comment les ordres du pilote étaient respectivement CODES puis DECODES, de manière à pouvoir véhiculer ces informations sur "un seul fil". Bien entendu, entre le pilote et le modèle ce "fil" n'est pas matériel. Et le seul moyen efficace existant pour le réaliser est la liaison HAUTE FREQUENCE. C'est la raison qui nous amène à vous parler dans les lignes qui suivent ... de la HF !
I. Le rayonnement hertzien.
Lorsqu'un courant électrique passe dans un conducteur, il crée tout autour de lui un
champ magnétique. Ce champ existe à distance avec une intensité décroissant avec le
carré de cette distance :
H = k e / d2 Voir Fig. 1
Ce champ possède une certaine énergie
W = k' H2
et il se propage à la vitesse de la lumière ( c = 300000 km/s )
Lorsque le courant générateur du champ est brutalement interrompu, les lignes de force
proches se replient vers le conducteur et y créent le phénomène de self-induction
( surtension à la coupure générant souvent une étincelle ) par effet de retour
d'énergie.
Mais les lignes de force lointaines n'arrivent pas à effectuer ce repli et l'énergie
qu'elles représentent devient de l'énergie en liberté : C'est le rayonnement hertzien.
Pour obtenir le phénomène de rayonnement, il faut provoquer des lancées et arrêts TRES
rapides de nos électrons. Le plus simple étant de les soumettre à un courant ALTERNATIF
rapide, donc à HAUTE FREQUENCE. Fig. 2
Courants électriques et champs se déplaçant à 300000 km/s, on appelle LONGUEUR d'ONDE
(l) la distance parcourue en une PERIODE.
La FREQUENCE étant le nombre de périodes existant par seconde.
La fréquence s'exprime en HERTZ ( Hz ), 1 période par seconde, en KILOHERTZ ( kHz ),
1000 périodes par seconde, en MEGAHERTZ, (MHz)
1million de périodes par seconde, en GIGAHERTZ ( GHz ) 1 milliard de périodes par
seconde. Ainsi si la période d'un courant alternatif est de 1 µs,
la fréquence est de 1 MHz et la longueur d'onde est : l = 300000 / 1000000 = 0.3 km soit
300 m.
On estime que les lignes de force situées à moins de 1 longueur d'onde parviennent à se
replier. Dans cette zone il n'y a pas de vrai rayonnement mais de l'induction, le
rayonnement n'existant vraiment qu'au delà.
Un EMETTEUR de rayonnement HF ( ou hertzien ) comprend donc :
- Un conducteur parcouru par le courant HF et qui rayonne : C'est l'ANTENNE.
- Un générateur de courant alternatif alimentant le conducteur : C'est l'OSCILLATEUR
HF.
L'émetteur est caractérisé par la FREQUENCE du courant
généré. Le minimum possible se situe aux environs de 100 kHz
et le maximum vers les 30 à 40 GHz qui nous amènent à la lumière infra-rouge. On a
quelques bandes de fréquences remarquables :
- Les Grandes Ondes (GO ) de 100 kHz à 500 kHz
- Les Petites Ondes ( PO ) de 500 kHz à 1500 kHz
- Les Ondes Courtes ( OC ) de 1500 kHz à 30 MHz
- Les VHF ( Very High Frequency ) de 30 MHz à 300 MHz
- Les UHF ( Ultra High Frequency ) de 300 MHz à 2 GHz etc ...
Nos émetteurs de Radio-Commande se situent en bas des VHF : 35, 40, 41, 72 MHz
correspondant à des longueurs d'onde de 8.5 m, 7.5 m, 7.3 m et 4.16 m .
Autre caractéristique d'un émetteur HF : Sa PUISSANCE.
Celle-ci détermine l'intensité du rayonnement donc la distance d jusqu'où on pourra le
détecter, c'est la PORTEE.
II. L'ANTENNE de L'émetteur.
C'est un élément essentiel, on le devine.
Son fonctionnement peut être compris en observant la Fig. 3 où nous évoluons
progressivement du circuit fermé à l'antenne effective.
En a) le générateur fait passer un courant HF dans la boucle ABC mais
les champs des brins A et C annulent celui de B.
En b) intercalons un condensateur : la HF passe toujours. Ecartons les
armatures L et K, comme en c) jusqu'à d) où le condensateur n'est plus
matériel mais remplacé par les capacités réparties : Cette fois, les brins A et C sont
en phase et leurs rayonnements s'additionnent.
Pour être efficace, l'antenne ainsi constituée doit être ACCORDEE pour entrer en
résonance pour la fréquence du signal HF. Il s'établit alors un régime d'ondes
stationnaires stables que nous montre la Fig. 4. On a un ventre
d'intensité ( max ) au point de connection du générateur et des noeuds ( min ) aux
extrémités.
Une telle antenne est appelée DIPOLE ou DOUBLET. Elle est très connue
des radio-amateurs. La longueur totale est la demi-onde comme on le voit très bien
sur la figure. Notons que la même antenne peut travailler en HARMONIQUE
( 3 sur la figure ) Le dipole peut être installée vertical ou horizontal.
Pour nos émetteurs RC et autres portables, le doublet n'est pas pratique.
On utilise plutôt des antennes en QUART d'onde, le brin inférieur étant remplacé par
la terre. Voir Fig.5 . On conserve un ventre d'intensité à la sortie
générateur
et un noeud à l'extrémité. En fait sur les portables, la terre est simulée par un
CONTREPOIDS métallique qui est soit une carrosserie, un boîtier métallique, voire la
masse électrique du montage. Bien entendu, cela n'améliore pas le rendement global.
En 72 MHz, le quart d'onde est 4.16 / 4 = 1.04 m : la classique antenne télescopique est
quasiment accordée de fait. En 41, elle devrait mesurer 7.3 /4 = 1.80 m ! Ce n'est guère
possible. On a recours à un artifice : On allonge électriquement l'antenne en
intercalant à
sa base une bobine de quelques spires.
Certains vont jusqu'à raccourcir encore plus ( antenne courte ) mais il n'y a pas de
miracle : le rendement ne pas aller en s'améliorant ! Evidemment une antenne courte bien
accordée peut être aussi efficace qu'une longue qui ne l'est pas !
L'antenne quart d'onde est omni-directionnelle : elle rayonne également dans toutes les
directions, créant un champ électrique circulaire. Toutefois ce champ est minimum dans
le prolongement du brin rayonnant. Il faut donc éviter de pointer le modèle avec
l'antenne.
Pratiquement, avec un ensemble efficace, ce phénomène est invisible et ne constitue pas
une contrainte.
III. L'OSCILLATEUR HF.
Un oscillateur est un amplificateur dans lequel on introduit une réaction POSITIVE. Fig.
6 . Tout signal injecté en e+ est amplifié et sort de s en phase avec
l'entrée. Un circuit de réaction renvoie dans l'entrée une fraction dosée du signal de
sortie. Le phénomène est cumulatif et le montage entre en oscillation à une fréquence
dépendant des valeurs des composants.
- Oscillateur LC.
Dans ce type d'oscillateur on met en jeu le phénomène de RESONANCE
électrique : Quand on associe en parallèle ( ou en série ) une inductance L et un
condensateur C, le tandem LC résonne pour une fréquence très précise F donnée par la célèbre
formule de THOMSON :
Ainsi l'amplificateur de la Fig. 8 donnera-t-il un maximum de tension de
sortie quand la fréquence injectée sur l'entrée ( la base de T ) correspondra à la
résonance du circuit LC. Mais un enroulement secondaire couplé à L prélève dans le
sens convenable une fraction de cette tension et la renvoie vers cette base. Il n'en faut
pas plus pour que le montage entre en oscillation sur la fréquence F du circuit résonant
LC.
Avantages : La fréquence F est facilement modifiée,
soit en agissant sur L ( avec un noyau ou par commutation )
soit en montant en C un condensateur variable ou ajustable ou une VARICAP
c'est-à-dire une diode qui sous l'effet d'une tension continue de commande, se comporte
en condensateur ajustable.
Inconvénient : Evidemment la fréquence n'est pas très stable, elle a une
fâcheuse tendance à "glisser" avec la température, la tension d'alimentation
.... Il y a quelques années, les radio-amateurs étaient cependant passés maîtres dans
l'art de maîtriser les glissements des VFO ( Variable Frequency Oscillator ) de leurs
émetteurs. Nous verrons plus loin comment
les progrès de la technique ont gommé ces acquis de l'expérience !
- Oscillateurs à quartz.
S'il est intéressant, pour un radio-amateur d'explorer finement une bande de trafic
pour établir le QSO du siécle, donc d'utiliser l'oscillateur LC, beaucoup d'autres
applications, entre autres la radio-commande, y voient un gros inconvénient car la
liaison doit se faire sur une fréquence prédéfinie et non ... "glissante" !!
On a ( ou on avait, devrions-nous dire ! ) alors recours à des oscillateurs stabilisés
par QUARTZ.
Le quartz est un cristal naturel qui taillé en conséquence présente le phénomène de
PIEZO-ELECTRICITE. Soumise à une contrainte mécanique, une lamelle de quartz développe
sur ses faces des charges électriques de polarités opposées. On utilise cette faculté
dans certains allume-gaz, par ex. Mais inversement, une tension électrique appliquée sur
les faces produira une déformation mécanique de la lamelle. Si cette tension est
alternative, la lamelle va donc vibrer et comme toute lamelle vibrante, elle va présenter
une fréquence de résonance pour laquelle la vibration sera maximale.
Ce que les électroniciens appellent "un quartz" est donc une lamelle de quartz
maintenue par deux connexions sur ses faces et installée dans un boîtier ad-hoc. Voir
photo . Les fabricants de "quartz" savent tailler des lamelles oscillant en FONDAMENTALE
de quelques 100 kHz à 30 MHz environ. Au-delà, ces lamelles deviennent trop fines et on
préfère
utiliser des oscillations harmoniques. On parlera alors de quartz en partiel
3 ( ou overtone 3 ), en partiel 5, 7 .. Ainsi les classiques quartz CIBI
de 27 MHz sont en fait des lamelles 9 MHz oscillant sur leur troisième harmonique. (
partiel 3 )
L'avantage du quartz est que, comme pour une lamelle métallique, la résonance est
EXTREMEMENT pointue, beaucoup plus que celle du circuit LC. Alors que le coefficient de
surtension Q de celui-ci ne dépasse guère 100, celui du quartz atteint souvent la
centaine de milliers !
Selon la façon de le tailler, le quartz sera à résonance série ou parallèle.
Voir Fig. 9.
- Résonance série : Le quartz est équivalent à un circuit LC série.
Comme lui, il présente une impédance minimum à la résonance :
L'intensité du courant le traversant est maximale.
- Résonance parallèle : Le quartz est équivalent à un circuit LC
parallèle : Il présente une impédance maximale à la résonance et donc développe un
maximum de tension.
Il est facile de réaliser un oscillateur HF à quartz.
Fig. 10. C'est le classique oscillateur des émetteurs 27
MHz.
L'amplificateur est un transistor T accordé en sortie sur 27 MHz par le tandem LC. Un
quartz SERIE est connecté entre collecteur et base. Il réinjecte, en phase, sur cette
base une fraction du signal de sortie. Le montage entre en oscillation sur la fréquence
TRES précise du quartz : 27045, 27095, 27120 .... Le montage est d'une très grande
stabilité et il est très difficile de dévier sa fréquence. On l'utilise donc dans les
montages AM.
.
Fig. 11 Cette fois utilisation d'un transistor à effet de
champ ( FET ) dont les électrodes sont le "gate" d'entrée, le
"drain" de sortie et "la source" reliée à la masse. La sortie est
accordée sur la fréquence désirée. On trouve sur le gate un quartz PARALLELE qui donne
un maximum de tension à la résonance. Le report d'énergie se fait à l'intérieur du
FET par sa capacité parasite drain-gate souvent importante. L'énergie renvoyée porte le
quartz à la résonance et fait osciller le montage.
On notera la présence du condensateur Caj. Il permet d'ajuster finement la fréquence
générée et s'il est remplacé par une VARICAP, permet la modulation de fréquence ( FM
) pour laquelle ce type d'oscillateur sera donc retenu.
- Oscillateur à synthèse de fréquence.
L'oscillateur LC
change facilement de fréquence, mais il "glisse". L'oscillateur à quartz ne
glisse pas, mais impose l'échange du quartz
pour une modification de fréquence. Cet échange, acceptable parfois,
est évidemment intolérable s'il doit se faire souvent ou surtout s'il faut pouvoir
disposer très facilement de nombreuses fréquences différentes. Les électroniciens HF
ont été longtemps confrontés à ce dilemme. Heureusement, les avancées spectaculaires
de l'électronique digitale ont permis, depuis une bonne vingtaine d'années la
résolution catégorique
du problème : C'est la SYNTHESE de FREQUENCE. C'est très simple, il
suffit d'associer l'oscillateur LC et .... le quartz. Voyons cela
en Fig. 12.
Au départ un oscillateur LC, donc variable mais instable. La fréquence est déterminée
par L et par une VARICAP ( diode à capacité réglable par tension continue,
répétons-le ). L'oscillation générée F est envoyée dans un compteur numérique C1
qui la divise par un facteur donné N. La sortie du compteur C1 délivre donc F/N.
Par ailleurs un oscillateur à quartz très stable fournit une fréquence de référence
quelconque Fr . Cette fréquence est divisée par R à l'aide d'un second compteur C2 dont
la sortie délivre par conséquent Fr/R
Les paramètres sont choisis de manière à ce que F/N soit égal à Fr/R. Par exemple
: Oscillateur LC sur 72250 kHz, divisé
par N choisi à 14450 donnant sortie de C1 à 72250/14450 = 5 kHz. Quartz de référence
choisi à 8000 kHz, divisé par
1600 donnant sortie de C2 à 8000/1600 = 5 kHz également. Bien sûr, ce dernier 5 kHz est
STABLE et le premier est INSTABLE ... pour le moment !
Envoyons les deux 5 kHz dans un comparateur Cp capable de délivrer une tension
d'erreur +/-Verr laquelle dûment filtrée
est appliquée sur la varicap dans le BON SENS. Alors, dès que le comparateur constate le
moindre décalage de phase entre les deux 5 kHz, il corrige la tension de varicap pour
ramener la fréquence F à la bonne valeur. Et voilà la fréquence F VERROUILLEE sur
celle de référence Fr. Elle en a maintenant la stabilité et la précision. Les
corrections se font à la fréquence de 5 kHz, il y en a donc 5000 par seconde !!
Oui, me direz-vous .... et pour changer de fréquence ?
Eh, bien, c'est très simple. Le compteur C1 est programmable. Son facteur de division
N peut varier d'unité en unité dans de très larges limites, par ex. de 40 à 65535.
Pour le moment nous avons retenu 14450, mais supposons que nous modifions cette valeur en
programmant 14428. A l'instant initial du changement, la fréquence F de 72250 donne à la
sortie de C1 : 72250 / 14428 , soit 5.007624 kHz. Le comparateur constate immédiatement
l'écart à 5 kHz et délivre une tension d'erreur en conséquence, laquelle agissant sur
F la fait baisser jusqu'à retrouver 5 kHz pile en sortie C1. Mais alors F est devenue
14428 x 5 = 72140 kHz : Notre oscillateur a changé de fréquence. Notons que si on change
de 1 unité seulement la valeur N, par ex. de 14450 à 14451, on passe de 72250 à 14451 x
5 = 72255 kHz. Dans ces conditions, nous constatons que le changement de fréquence se
fait de 5 en 5 kHz. On dit que le PAS de synthèse est de 5 kHz. Il est égal à la valeur
choisie pour la sortie du compteur C2.
La programmation de C1 peut se faire en parallèle, avec des roues codeuses, par ex. mais,
à l'heure présente, elle se fait presque toujours en série, un micro-contrôleur se
chargeant de gérer l'opération.
Avantages de la synthèse :
- Avec un seul quartz de référence ( et de valeur arbitraire ) on couvre TOUS les
canaux d'une bande de fréquence.
- Les fréquences obtenues ont la précision et la stabilité de la référence. Si la
fréquence est exacte sur un canal, elle l'est sur tous.
Défauts de la synthèse :
- La couverture de bande est numérique et non analogique, ce qui veut dire que la
fréquence évolue par incréments, par pas
et non d'une manière continue. Cela est surtout vrai pour les synthétiseurs simples. Des
montages plus complexes permettent
de réduire le pas à des valeurs assez faibles pour donner l'illusion de la continuité :
générateurs HF de laboratoires, transceivers de trafic ... Bien entendu, pour de
nombreuses applications, ce défaut est presque une qualité : radio-téléphones, nos
émetteurs RC ...
Enfin, un défaut qui explique peut-être l'absence de cette technologie dans nos matériels RC : C'est un peu plus cher !